NEON & TECHNIQUE #2 - Retour aux sources du Tube à décharge à faible pression et à la Fluorescence


La mise au point du tube luminescent au néon et par la suite des tubes fluorescents haute et basse tension est l’aboutissement d’une succession d’inventions et de découvertes au 19ème puis au 20ème siècle.

Tout commence en 1675 avec l’astronome français Jean-Félix Picard qui observe dans l’obscurité une lueur appelée lumière barométrique dans l’espace vide d’un baromètre à mercure lorsque celui-ci est secoué.



En 1683 Otto von Guericke inventeur allemand fabrique un générateur d’électricité statique.
Le Elektrisiermashine est composé d’une sphère de soufre mise en rotation sur un axe et frottée vigoureusement avec la main. La boule attire ou repousse alors divers objets légers.


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Francis Hauksbee
En 1704 ce scientifique britannique pensant que la lumière peut être produite par l’agitation du mercure dans le vide place une petite quantité de mercure dans le verre d'un générateur de Otto Von Guericke modifié par ses soins et évacue l'air de celui-ci. Le frottement du liquide sur le verre ne provoque pas vraiment de résultats concluants.
Hauksbee fait alors un montage qui fait abstraction du mercure. Il s’agit d’une sphère de verre munie de deux pièces de cuivre diamétralement opposées lui servant d’axe. Cette sphère placée sur une machine inspirée d’un tour de menuisier peut être mise en rotation et un robinet dans une des pièces de l’axe relié à une pompe à vide permet d’y réaliser le vide. La sphère, vidée de son air, est mise en mouvement et frottée par la main de l’expérimentateur. Dans l’obscurité, la sphère s’emplit d’une forte lueur diffuse suffisante pour permettre de lire un livre. Quand un doigt s’approche de la sphère, la lumière se concentre en filaments qui semblent attirés par ce doigt. La lumière diminue progressivement quand on laisse entrer l’air dans le tube. Le verre est électrisé, la lueur provient du gaz résiduel "ionisé" sous l’effet du champ électrique créé par la friction du verre.


Cette "phosphorescence électrique" continuera à obséder des générations de physiciens et les démonstrations de Hauksbee, à la fois spectaculaires et inquiétantes quand elles se font dans l’obscurité d’un cabinet, deviennent les expériences vedettes des spectacles de physique.

Quarante ans plus tard, Johann Heinrich Winker professeur de physique à Leipzig réalise une expérience  similaire  en  utilisant  un  tube  qu’il  a  chauffé et  courbé  pour former un nom, « Augustus Rex »  celui  du  roi 
Frédéric-Auguste II.


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Sir George Gabriel Stokes
En 1852 ce physicien irlandais découvre que les radiations ultraviolettes provoquent la fluorescence de diverses substances. Il trouve que le sulfate de quinine transforme la lumière ultraviolette invisible en rayonnement visible de plus grande longueur d’onde. Il est le premier à comprendre le phénomène de fluorescence et à lui donner un nom découlant du minéral fluorite qui est fortement photoluminescent.

Mercure [Hg] et fluorescence vont alors être associés car les radiations ultraviolettes produites par la vapeur de mercure dont la radiation de résonance est de 2537 Angström, excitent au maximum les substances fluorescentes.

Voir Fluorescence
[NEON & TECHNIQUE #1]

Ondes électromagnétiques et
Courbe de sensibilité de l’œil en fonction de la longueur d’onde [spectre de la lumière]


Au 18ème siècle, la partie du spectre électromagnétique connue est le spectre de la lumière visible [ou spectre optique].
En 1800, l’astronome germano-britannique William Herschel découvre l’existence d’une radiation lumineuse non visible, le rayonnement infrarouge. L’année suivante, le physicien allemand Johan Wilhelm met en évidence l’existence du rayonnement ultraviolet du côté des longueurs d’onde plus courtes.
En 1860, le physicien écossais James Clerk Maxwell donne une interprétation de la lumière comme la propagation d’une onde électromagnétique [association d’un champ électrique et d’un champ magnétique] et prédit l’existence d’ondes électromagnétiques de toutes les fréquences possibles se déplaçant dans le vide à la vitesse de la lumière.

 
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Heinrich Geissler
En  1856  ce  physicien  allemand  inventeur  de  la  pompe à mercure découvre qu’un courant alternatif à haute tension délivré au moyen d’une bobine de Ruhmkorff, passant dans un tube renfermant un gaz à faible pression produit une faible luminescence.




Sa coloration dépend du gaz introduit ; azote, gaz carbonique, vapeur de mercure, sulfures, chlorures ou vapeurs métalliques.

Tubes de Geissler
  
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Edmond Becquerel
En 1859 ce physicien français place des matériaux fluorescents à l’intérieur d’un tube de Geissler. Cette lampe a une faible efficacité lumineuse et une courte vie. D’autres fixeront ces substances à l’extérieur du tube.


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Thomas Ava Edison
Il faudra attendre plus de 70 ans après que l’Anglais Sir Humphry Davy découvre le principe de la lampe à incandescence et celui de l’arc électrique pour que cet inventeur américain mette au point en 1879 la première lampe à incandescence commercialisable et plus tard le matériel et les techniques pour un système complet de distribution électrique. Production de courant électrique avec toutes les sujétions de distribution et de sécurité, mesures de consommation, réalisations de filaments incandescents appropriés [en bambou carbonisé], invention du culot à vis, fabrication industrielle des lampes en grandes séries et construction de la première centrale électrique à Pearl Street [New York]. Une citation de Edison « Genius is one percent inspiration and 99% transpiration » caractérise bien l’esprit méthodique de recherche et de travail acharné qu’il va développer dans un laps de temps relativement court pour arriver au but qu’il s’était fixé.
En Angleterre Sir Joseph Swan met au point le même type de lampe dans le même temps.

En 1881 William V. Hammer, un représentant de Edison à Londres montre une enseigne électrique alimentée en courant continu affichant le mot « EDISON » réalisée avec des ampoules incandescentes.


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Nikola Tesla
Cet inventeur d’origine serbe en opposition à Edison avec qui il a travaillé, fait des recherches sur le courant alternatif et développe un alternateur haute fréquence.
En 1892 lors d’un exposé à Londres puis à Paris, à l’aide de tubes de Geissler il réalise des effets spectaculaires en bombardant des gaz avec du courant alternatif haute tension. Un de ces tubes enduit de phosphore affichant le mot « Light » fait sensation.


tube light tesla
Tubes de Tesla dont le fameux Light
Exposition Universelle de Chicago - 1893
 

En 1893 lors de l’Exposition Universelle de Chicago [The World’s Columbian Exposition], Tesla présente ces tubes et ses inventions. Associé à la société Westinhouse il préconise l’utilisation du courant alternatif dont ils alimentent l’exposition livrant ainsi une petite guerre à Edison et General Electric qui eux défendent le courant continu.

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Daniel McFarlan Moore
En 1895 cet ingénieur électricien américain reprend les travaux de Geissler.


Brevet ELECTRIC TUBE LAMP - D. McF. MOORE - 1902

Il fait fonctionner des tubes suffisamment lumineux de 4 cm de diamètre et de 20 à 60 mètres de longueur contenant divers gaz à faible pression; de l’air [lumière rose], de l’azote [lumière jaune d’or] ou du gaz carbonique [lumière blanche faible]. Mais le gaz électrisé étant absorbé par les électrodes, une soupape reliée à un réservoir introduit automatiquement du gaz pour maintenir une pression constante. La pression de remplissage d’un tube à azote est de l’ordre de 1/10ème de mm de Hg.
La soupape de Moore respire deux fois par minute pour introduire chaque fois une quantité de gaz égale au dixième de ce qui y est contenu.
Les tubes affectent des formes variées et suivent généralement les contours des pièces éclairées.





Plan d’implantation du 1er tube de Moore installé dans
la droguerie Bamberger à Newark, New Jersey - 1904



Eclairage hall d’entrée principal
au Madison Square Garden à New York - 1905


Moore recherchait à produire une lumière blanche et froide proche de la lumière du jour en opposition à la lampe à incandescence d’Edison diffusant une lumière chaude et rougeâtre.
General Electric distributeur des lampes à incandescences a rapidement réalisé la menace potentielle de ces tubes et a acheté les brevets de Moore de la même façon que son rival industriel Westinghouse a absorbé les brevets de Tesla pour le courant alternatif.


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Peter Cooper Hewitt
En 1901 cet ingénieur électricien américain construit une lampe à vapeur de mercure sous la forme d’un long tube de verre légèrement incliné dont il a fait le vide. Elle contient à son extrémité inférieure une cuvette de mercure connectée avec l’extérieur par un fil métallique. Cette cathode et l’anode [un cylindre de charbon à l’autre extrémité du tube] sont reliées à un générateur de courant. La lampe est allumée en l’inclinant de façon à ce que le mercure vienne établir un contact entre anode et cathode à l’intérieur du tube pour l’amorcer et lorsqu’on redresse le tube, le courant persiste à travers la vapeur de mercure raréfiée. Elle fonctionne à basse tension et la vapeur de mercure émet une lumière bleue verdâtre.






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Gaz rares
L’argon, le néon, l’hélium, le krypton et le xénon sont appelés gaz rares du fait de leur rareté dans l’air. Tous sont monoatomiques et inertes, donc ne se prêtent à aucune combinaison chimique.
C’est vers 1894 que Sir William Ramsay et Lord Rayleigh obtiennent pour la première fois le gaz argon par absorption de l’oxygène et de l’azote de l’air.
L’année suivante, Ramsay prouve la présence de l’hélium dans l’air. L’hélium déjà observé de manière naturelle pour la première fois dans le spectre du soleil et dans les gaz des laves du Vésuve.
Plus tard en 1897, Ramsay et Morris Travers trouvent le néon, et un an plus tard le krypton et le xénon dans l’ultime évaporation de l’air liquide.

Lors de la commémoration du jubilé de la Reine Victoria, Ramsay et Travers exposent pour le spectacle des tubes de Geissler remplis de ces gaz rares.


Spectre des gaz rares

Par distillation fractionnée on peut tirer de l’air liquide, l’azote, l’oxygène et ces fameux gaz. Mais le coût de l’isolation de ces gaz est trop élevé pour un produit d’éclairage viable.


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Georges Claude
En 1897 ce physicien français s’intéresse au problème du stockage et au coût de fabrication de l’acétylène utilisé pour l’éclairage des grandes villes. Ce gaz est alors produit dans un four électrique à partir du carbure de calcium. Il est instable, coûteux et son transport dangereux. Claude dépose un brevet sur le conditionnement de ce gaz [Dissolution de l’acétylène dans de l’acétone] et remplace les fours électriques par la combustion de charbon dans de l’oxygène pur. Cet oxygène est alors produit en petites quantités par électrolyse.
En 1899 Claude propose de liquéfier l’air sous pression en le distillant afin d’en séparer les divers constituants. Ce procédé permet de fabriquer à moindre coût de l’oxygène en quantité industrielle en utilisant l’air atmosphérique, source inépuisable gratuite.
Au même moment Karl von Linde en Allemagne et Georges Claude en France mettent au point la distillation fractionnée de l’air liquide à l’échelle industrielle. En 1902 il est le cofondateur de la société Air Liquide avec Paul Delorme.
Dès lors, oxygène et azote  sortent  des distilleries en quantité  considérable et les  gaz  rares  deviennent  des 
sous-produits de cette fabrication. C’est l’industrie qui va les utiliser pour ses besoins dans l’éclairage et la soudure ainsi que la médecine.

En 1907, Georges Claude obtenant ces gaz en grande quantité au cours de la condensation méthodique de l'air en envoya à Ramsay qui lui offrit, en remerciement, un petit tube luminescent chargé de néon. La belle lumière rouge de ce tube le séduisit, et l'incita à rendre cette lumière industrielle.


Décharge rouge du néon


Poursuivant ses recherches sur les gaz rares, c’est donc le néon que Claude va utiliser dans la mise au point des tubes luminescents remplissant avec ce gaz des tubes de Moore. Il va tirer parti de sa luminescence en raison de la forte luminosité obtenue et de la couleur rouge de son spectre dans la décharge. Il détermine pression de remplissage, tension d’alimentation, diamètre et longueur du tube. Après avoir réaliser des tubes de 35 mètres de long comme ceux de Moore, il met au point des électrodes permettant de faire fonctionner des tubes de 45 millimètres de diamètre et de 6 mètres de long plus facile à fabriquer et à installer.
L’extinction du tube due à la disparition du gaz rare est une conséquence de la dégradation par vaporisation des électrodes trop petites. En augmentant le diamètre des électrodes Claude diminue leur vaporisation, augmente la durée de vie du tube et peut réduire leur longueur. La pression de remplissage du tube est de l’ordre de quelques mm de Hg de néon.

Claude ne disposant pas de néon pur comme maintenant, mais de néon mélangé à des gaz [argon et azote] moins volatils et plus liquéfiables, invente la purge du tube par absorption des gaz liquéfiables par le charbon refroidi. Le néon est donc introduit dans le tube cylindrique muni d’électrodes auquel on a soudé perpendiculairement un récipient à charbon de noix de coco [voir schéma du brevet sur les électrodes]. En plongeant celui-ci dans l’air liquide [-193°C] pendant qu’un courant électrique parcourt le tube, l’azote et l’argon sont absorbés et se condensent dans le charbon. Le récipient à charbon peut être séparé du tube et le néon gazeux subsiste seul dans le tube. Ces tubes ont alors une durée de vie de 200 à 600 heures du fait d’une rapide dégradation des électrodes.


Revue Internationale d’Hygiène et de Thérapeutique Oculaires [Librairie A. Maloine - 1911]
Extraits de l’article «  Le nouvel éclairage électrique par tubes au néon »
[Document GALLICA.BNF]
 
 
En 1910, il présente son premier tube au néon dans un stand nommé Scientia au Luna Park de la porte Maillot à Paris. La société Claude Néon voit le jour et l’usine s’installe rue de Sèvres à Boulogne Billancourt.

Présentation du 1er tube au néon dans le monde lors de l’exposition « 50 ans de lumière Claude » - 1980


A l’occasion du Salon de l’Automobile, la société Paz et Silva [Fabricant d’enseignes] réalise l’illumination du péristyle du Grand Palais à Paris en installant  les premiers tubes luminescents au néon de Claude.
Quatre tubes au néon de 35 mètres de long remplacent les alignements d’ampoules incandescentes en place sous les colonnades.
Voir l'autochrome de Léon Gimpel "Illumination du péristyle du Grand Palais, Paris - 1910"
[NEON & TECHNIQUE #1 - Lexique]

En 1911, ces tubes vont servir à éclairer l’église Saint-Ouen à Rouen pendant les fêtes du Millénaire normand.
Le cabaret le Ciel et l’Enfer boulevard Clichy est ensuite équipé. Un tube rouge signale l’Enfer alors qu’un tube bleu auréole la façade du Ciel soulignant le décor chargé du cabaret.


Cabaret LE CIEL et L'ENFER - Paris

En 1912, Monsieur de Beaufort des ateliers Claude eut l’idée de réduire le diamètre des tubes et l’importance des électrodes afin de pouvoir façonner les tubes et former des lettres d’un trait continu.
La première enseigne lumineuse au néon « PALACE COIFFEUR » est installé par Jacques Fonsèque [Paz et Silva] sur la façade d’un salon de coiffure du boulevard Montmartre.
Viendra ensuite l’enseigne « CINZANO » sur le boulevard Hausman.

L’association d’un tube rouge et d’un tube bleu donne une couleur mauve baptisée « Opéra » du fait de l’installation de ces tubes sur la loggia de l’Opéra Garnier en 1919.

A la fin des années 20 une brochure publicitaire de Claude Néon propose des tubes luminescents à gaz raréfiés de toutes les couleurs.
Celles-ci sont obtenues par les différents types de gaz qui remplissent les tubes clairs ou teintés.
Avec des tubes clairs transparents on obtient du
-          rouge avec le néon
-          blanc rosé avec l’hélium
-          bleu clair avec la vapeur de mercure
Avec des tubes teintés jaune on obtient du
-          jaune avec l’hélium
-          vert avec la vapeur de mercure


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Développement
1915           Brevet sur le système d’éclairage par tubes luminescents déposé aux Etats-Unis par G. Claude                  

Brevet SYSTEM OF ILLUMINATING
BY LUMINESCENT TUBES - G. CLAUDE - 1915

1915/30      Développement de franchise sous licence de Claude Néon dans le monde ; colonie françaises et
                  britanniques, ainsi qu’à Londres.

1923           Un concessionnaire de voitures de Los Angeles Earle C. Anthony en visite à Paris achète à
                  Claude Néon une enseigne « PACKARD » en lettres néon rouge entourées d’un tube bleu clair.
                  Cette première enseigne néon importée sur le sol américain fera interrompre la circulation à
                  Los Angeles.

1924           Claude Neon Lights Inc. aux USA ; premier franchisage de Claude Néon à New-York, suivi de
                  Los Angeles, Chicago, puis San Francisco.
« Les tubes néon d’affichage surpassent le soleil »
Annonce publicitaire CLAUDE NEON LIGHTS
dans le New York Times - 1927

1930           Création de la société Claude Lumière en France.

                  Création du EGANI Institute [Eddie’s Glass And Neon Institute] à New-York opérationnel
                  jusqu’en1971. Cette école fondée par Edward Seisse formera nombre de souffleurs de verre aux
                  Etats-Unis. Sur le modèle des usines Claude Néon, l’apprentissage à la fabrication des tubes
                  néon est limité à la réalisation des lettres de l’alphabet et à la reproduction de dessins préétablis.
                  Toutes expressions ou créations personnelles sont proscrites et le dessin n’est pas enseigné.
                  Cela influencera plus tard la profession par un manque d’innovation et le cantonnement du néon à
                  l’enseigne lumineuse.
 
Une classe du EGANI Institute dans les années 30

1930/39      Développement du néon en Extrême-Orient, en Allemagne, dans les pays scandinaves puis en
                  Italie et aux Pays-Bas.

1932           Expiration du brevet. Avant même l’expiration de ses brevets, de nouveaux fabricants d’enseignes
                  néon viennent déjà concurrencer les franchises Claude Neon Lights en 1930.

1933           Claude Lumière fusionne avec la société Paz et Silva qui devient Claude-Paz et Silva.
                 
                  Fin de la prohibition aux Etats-Unis et montage à la chaîne des enseignes pour les marques de
                  bières. Les contrats passés avec  les brasseries et les cinémas permettent aux fabricants
                  américains d’enseignes lumineuses de résister à la crise.


Publicité PAZ et SILVA   
parue dans l’Illustration - 1930  






Publicité CLAUDE LUMIERE pour
CLAUDE-PAZ & SILVA
parue dans l’Illustration - 1935
[Graphisme de Jean Carlu]













                                                                                                                                                    
Affirmant leur originalité architecturale, les nouvelles salles de cinéma des années 30 empruntent les formes aérodynamiques des machines et les formes élégantes des paquebots.
Nul autre type de bâtiment n’a su utiliser la lumière avec tant de bonheur dans la mise en valeur de l’architecture moderne.
Avec le néon qui souligne les formes des bâtiments et participe à l’animation des façades, l’architecture et l’enseigne lumineuse ne font qu’un dans un seul but, l’appel du public.
Les cinémas sont à l’image de l’industrie du rêve invitant les spectateurs à un merveilleux voyage.

Le GAUMONT PALACE place Clichy, de style Art Déco rénové en 1930 par Henri Belloc, salle qui fut le plus grand cinéma du monde à son époque, détruit en 1973.
L’enseigne GAUMONT PALACE et les festons de chaque étage sont dessinés par un tube rouge.
L’effet de Flood Lighting est obtenu par des projecteurs placés sur les marquises.
La cascade animée a été réalisée à l’aide de tubes verts et blancs et de rampes de lampes claires.



Le GAUMONT PALACE place Clichy - 1930
Enseigne réalisée par CLAUDE-PAZ & SILVA

Cinéma RADIO CITE à Montparnasse - 1931
Conçu par Nicolas et Coudillier,
la façade s’inspire de l’architecture des Cineac
 


néon cinémas
Dépliant publicitaire de CLAUDE LUMIERE pour
le 25ème anniversaire des 4 cinémas de St Josse à Bruxelles - Années 50

  
Malgré la dépression, les années 30 sont une période de grande créativité et de développement pour le néon, exprimant une certaine forme de vitalité. De nombreuses techniques pour le dessin et l’animation se sont développées. En exploitant les possibilités graphiques du néon et en l’intégrant dans l’architecture les designers publicitaires ont amené la publicité lumineuse beaucoup plus loin que ne l’avait imaginé Georges Claude.
The World’s Fair Of Chicago [Century of Progress International Exposition - 1933/34],
l’Exposition Universelle de Paris [Exposition Internationale des Arts et Techniques dans la Vie Moderne - 1937]
et The World’s Fair Of New-York [The World of Tomorrow Futurama Trylon Perisphere - 1939]
sont les trois expositions où le néon est parvenu à sa gloire et où une telle débauche de cascades et d’effets lumineux ne sera plus jamais reproduite.


Lorsqu’on a su faire adhérer une mince pellicule fluorescente à l’intérieur d’un tube de verre ordinaire sans que cette pellicule n’absorbe le gaz de la décharge, le tube fluorescent était né.
Dans les années 30 les premiers tubes fluorescents haute tension utilisent deux matériaux photoluminescents [excités par un rayonnement ultraviolet produit par la vapeur de mercure], le tungstate de calcium [scheelite] émet une lumière bleue et le silicate de zinc [manganèse] émet une lumière verte.
En 1935 en préparant une substance émettant une lumière rose le tungstate de calcium [samarium], une synthèse trichrome de la lumière blanche est effectuée en utilisant un mélange de ces trois substances.

En 1937 ces tubes haute tension blancs vont être utilisés par la société Claude-Paz et Silva à la décoration du Grand Palais lors du salon de l’Automobile et les tubes de couleur à l’illumination de la Tour Eiffel lors de l’Exposition Universelle de Paris.
Georges Claude va même organiser un laboratoire de la luminescence dans le pavillon de la Lumière pendant l’exposition.

néon Grand Palaisnéon Grand Palais
Salon de l’Automobile 1937 - Décoration en rosace par tubes luminescents de la coupole du GRAND PALAIS 
Réal. CLAUDE-PAZ & SILVA - Studio Chevojon



néon Tour Eiffel 1937

Exposition Internationale de Paris 1937
Illumination de la voûte de la Tour EIFFEL
réalisée à l’aide de 7 Km de tubes
 Architecte André GANET
 Réal. CLAUDE-PAZ & SILVA
Léon Gimpel
Pavillon du Mobilier et du Papier Peint 1937

Gouache - Etude d’éclairage nocturne
du Pavillon du Mobilier et du Papier Peint
 pour l’Exposition de 1937 réalisée
par CLAUDE-PAZ & SILVA



En 1935 parallèlement à la haute tension, André Claude cousin de Georges développe la première lampe fluorescente tubulaire basse tension qu’il présente l’année suivante aux journées de la lumière à Bruxelles. Cette lampe réalise la synthèse de recherches effectuées dans différents domaines ; production de rayonnement ultraviolet par la décharge électrique [vapeur de mercure], cathodes chaudes à oxydes, photoluminescence des substances minérales [production de lumière blanche].
Dans le même temps en Allemagne, Osram développe un produit similaire et revendique la paternité de cette invention.
Le fonctionnement direct des tubes fluorescents sur le secteur 220 Volts permet de créer un produit standard commercialisable adapté à l’éclairage. Ces tubes équiperont alors bureaux, grands magasins et ateliers.

Affiche Claude-Paz et Silva - Jean Colin - Tube fluorescent
Publicité Tubes Fluorescents
CLAUDE-PAZ & SILVA - 1950
[Graphisme de Jean Colin]

1939/46       Extinction pratiquement complète des activités à l’échelle mondiale.

1947            Las Vegas commence à se néoniser.

1950/1970    A la fin des années 50, la prolifération d’enseignes médiocrement dessinées et le manque
                   d’entretien de certaines enseignes ne fonctionnant pas ont amené les gens à dénigrer le néon
                   et à le considérer comme démodé.
                   Perte de l’artisanat et des ressources du néon qui laisse sa place aux panneaux en plastique.
                   Les tubes sont alors relégués dans un rôle d’éclairage caché dans des lettres en plexiglas.

1955            Claude-Paz et Silva devient Claude-Paz et Visseaux.
1963            Claude-Paz et Visseaux fusionne avec Copel et devient Claude Publicité.

1970/1980    Dans les années 70, le néon commence à déserter les centres villes et les grands boulevards
                   pour apparaître dans les enseignes des premiers centres commerciaux et sur les toits des
                   immeubles du périphérique parisien.


Centre commercial Mammouth - années 70

enseigne periphérique Pont de Saint Cloud
Pont de Saint Cloud, Paris - années 70
ⓅJacques Delacroix - Société Claude Publicité
 
enseigne néon AEG
Enseigne AEG, Paris
ⓅJacques Delacroix - Société Claude Publicité

                  Ce renouveau se poursuit dans les années 80 ou il envahit les zones commerciales qui se
                  développent en périphérie des villes.

1980/2000   Retour en force du néon dans les enseignes, mais encore dans l’architecture et dans l’art.

1985           Création en France du Centre Néon au Greta de Lorient. Ce centre de formation de verriers aux  
                  chalumeaux [néonistes] situé à Inzinzac-Lochrist est créé à l’initiative de l’Association
                  Française de l’Enseigne Lumineuse [AFEL] et de l’éducation nationale [GRETA] pour palier
                  le déficit d’ouvriers qualifiés dans la profession.

centre néon-inzninzac lochrist
Le Centre Néon en Bretagne au bord du Blavet

La formation est limitée à l’apprentissage du soufflage de verre et aux connaissances sur le fonctionnement du tube néon et la haute tension.
                  La technique du dessin propre au néon n’est pas enseignée faute de temps.
                  Peu de néonistes et mêmes de graphistes sont capables d’imaginer et  de développer un dessin
                  original avec des choix de typos adaptées au néon.

dessin néon tracteur
Exemple d’un dessin technique
POM - Tractor Factory, Bełżyce, Polska - 1977

Aujourd’hui la technique des tubes haute tension [HT] et basse tension [BT] n’a pas beaucoup évoluée. Seule la composition des poudres fluorescentes a été modifiée apportant une efficacité lumineuse plus importante et un indice de rendu des couleurs [IRC] plus élevé ; terre rare pour les couleurs et triphosphore pour les blancs. La dimension des électrodes HT a été réduite, la qualité et la durée de vie de ces lampes ont bien sur augmentées. Les transformateurs HT ferromagnétiques ont diminué de taille pendant qu’apparaissaient des alimentations électroniques HT pour les enseignes intérieures et des ballast électroniques haute fréquence pour les tubes fluorescents.

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Mercure [Hg]
Malheureusement l’emploi du mercure n’a pas cessé. On n’a pas trouvé mieux pour produire des ultraviolets.
Au début des années 2000 des chercheurs du Groupe de recherche sur l’énergétique des milieux ionisés [Gremi], le Centre de physique des plasmas et applications de Toulouse [CPAT] en collaboration avec la société AUPEM SEFLI [Industriel fabricant de tubes et transformateurs HT aujourd’hui disparu] ont remplacé le mélange néon-argon-mercure par un nouveau mélange de gaz qui produit des UV : mélange de néon avec une petite quantité de xénon qui joue le rôle du mercure. Néanmoins la luminosité obtenue n’était pas suffisante.
En 2005 les chercheurs en remplaçant l’alimentation classique [signal sinusoïdal du courant alternatif] par des impulsions électriques ultracourtes, de l’ordre de la microseconde, et à une fréquence proche du kilohertz, ont multiplié la luminosité par trois.
Les recherches ont été poursuivies …


Publicité AUPEM SEFLI - Icona septembre 2002

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Avenir
… Mais depuis le marché de l’enseigne et de l’éclairage est en pleine mutation avec la concurrence des LED. Depuis 2010 on note une forte baisse d’activité du néon dans l’enseigne lumineuse qui risque d’entrainer la disparition des industriels, fabricants et distributeurs de matières premières nécessaires au néon ; tubes, poudres fluorescentes, électrodes et transformateurs. Faute de quoi les artisans persistants auront bien du mal à poursuivre leurs activités après épuisement des stocks.
C’est donc une industrie sur le déclin avec un avenir plus qu’incertain.

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[Sources]

Documentations GALLICA.BNF :
Comptes Rendus des Séances de l'Académie des Sciences [Gauthier-Villars, Imprimeur-Libraire - 1911] 
       - Physique. Sur les tubes luminescents au néon. Note de M. Georges Claude, présentée par M. d’Arsonval
Revue Internationale d’Hygiène et de Thérapeutique Oculaires [Librairie A. Maloine - 1911]
       - Le nouvel éclairage électrique par tubes au néon
Actualités Scientifiques par Max de Nansouty [Boivin & Cie Editeurs - 1912]
       - L’éclairage au néon
Traité Elémentaire de Physique par Ganot - Maneuvrier [26éme édition entièrement refondue - 1918]
       - 1007 . Lampes électriques à luminescence

Livres :
L’Eclairage Moderne par Tubes Luminescents et Fluorescents par E. Bonnafous [Editions Technique et Vulgarisation - 1949]
Les Ecritures de la Nuit par Bruno Ulmer et Thomas Plaichinger [Editions Syros-Alternatives - 1987]
The New Let There Be Neon par Rudy Stern [ST Publications - 1996]
Léon Gimpel - Les audaces d’un photographe (1873-1948) par Thierry Gervais et Nathalie Boulouch
[Musée d’Orsay/5 Continents Editions - 2008]
Histoire de l’électricité - De l’ambre à l’électron par Gérard Borvon [Edition Vuibert - 2009]
Polish Cold War Neon par Ilona Karwinska [Mark Batty Publisher - 2011]









Articles :
Les gaz inertes sont devenus des gaz nobles par Renaud de la Taille [Science et Vie n°584 - 1966]
L’évolution des lampes à décharge par Pierre Lemaigre-Voreaux [Lux n°95 - 1977]
L’évolution des lampes électriques par Pierre Lemaigre-Voreaux [Lux n°101 - 1979]
50 ans de lumière Claude [Revue  Equipement des commerces - Enseignes & Eclairage - 1981]
Le néo-néon sera écologique par Sebastián Escalón [Journal du CNRS n°197 - 2006]

Internet :
nyneon.blogspot [new york neon]
       - Ancestry of Neon : The Moore Tube Light by T.E. Rinaldi - Jan 2012
       - Tesla Memorial Society of New York
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[Crédits photographiques]

E.G. / Etienne G.
ⓅJacques Delacroix - Société Claude Publicité
Léon Gimpel - autochromes et plaques de projection - collection Société Française de Photographie, Paris
Studio Chevojon, Paris

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Articles [archives]

NEON & TECHNIQUE
#1 - Lexique
#2 - Retour aux sources du Tube à décharge à faible pression et à la Fluorescence

NEON & ART
#2 - Exposition Néon à la Maison Rouge
#3 - Exposition Martial RAYSSE au Centre Pompidou
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3 commentaires:

Anonyme a dit…

le Centre Néon à été ouvert en 1985 et jusqu'en 1990 , à proposé les formations suivantes : dessin ( de la lettre et tube néon, industriel et dessin assisté par ordinateur) , soufflage de verre au chalumeau, serrurerie été ferblanterie , peinture ( aérographie, sérigraphie ), électricité basse tension et moyenne tension , plasturgie . le CAP " enseignes lumineuses et signaletique" à été homologué en 1988 à partir du travail des formateurs et de la directrice du Centre Néon, à l'origine de sa création.

xavier. a dit…

bonjour, merci beaucoup pour ce super Travail....
juste pour vous dire que le CAP existe toujours, et qu'il y a un BAC professionnel Artisanat et Métiers d'Art (BAC AMA) Option métiers de l'enseigne et de la signalétique, dans lequel est enseigné l'art de former le "Néon". il en existe une douzaine en France dont un à Marseille qui résiste tant bien que mal car manque de visibilité du métiers.
Lpp La cabucelle..... Les enseignants y sont des passionnés.

Benoit Nabineau a dit…

Merci pour ces pages très instructives !
Je suis moi même néoniste depuis 35 ans et j'ai eu la chance de connaitre les belles années parisiennes ou le néon régnait en maître sur les façades et les toits de la capitale ... Aujourd'hui nous sommes des dinosaures de l'enseigne!
Benoit Nabineau

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